Chapeau bas, Madame
- Par Yvette Mbassi
- 01 déc. 2020 11:56
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Elle n’aura pas démérité, notre Djaïli Amadou Amal. Elle, si prolifique, avec quatre romans de haute facture parus entre 2010 et 2020, aura su nous tenir en haleine tout au long de ces dernières semaines, en tant que finaliste du Goncourt 2020. De par sa renommée, l’écrivaine camerounaise a charrié les espoirs de toute une nation, voire de l’ensemble du continent. Et même si au bout des courses, elle ne l’a pas emporté, Djaïli Amadou Amal n’a pas fait piètre figure. La preuve, tout le grand bien qu’en disent les médias occidentaux qui se l’arrachent : interviews, séances photos. Le Monde, Le Figaro, Ouest France, Nouvel Obs, RFI, France 24… Les rédactions veulent tout savoir de cette jeune femme peule, musulmane et féministe qui mène de front la bataille contre les comportements rétrogrades de la société dont elle est issue : misogynie, mariages précoces, viols conjugaux, illettrisme des filles, etc.
Djaïli Amadou Amal n’a donc pas démérité. D’ailleurs, elle est toujours en lice pour le Goncourt des lycéens. Et si d’aventure elle n’obtenait pas cette récompense-là non plus, l’histoire retiendrait que l’écrivaine de 45 ans est la première romancière subsaharienne à avoir joué dans la cour du plus ancien, mais aussi du plus prestigieux prix littéraire français. Rien, au regard de son histoire, ne l’y destinait cependant. D’aucuns diraient qu’elle était mal partie dans la vie.
Mariée de force à dix-sept ans, elle a vécu toutes les difficultés que connaissent les femmes issues des sociétés conservatrices et traditionnalistes du Nord Cameroun. En 1998, Djaïli Amadou Amal parvient à quitter son mari après cinq ans de vie commune. Elle n’a pas plus de chance avec son second époux, violent, qu’elle quitte aussi. Au moment de la rupture, cet époux délaissé kidnappe ses deux filles pour se venger. Une autre femme peule se serait découragée face à autant d’adversité : pas Djaïli Amal. La ...
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