Un consensus indispensable

La récente reprise des négociations sur la construction du barrage de la renaissance, à Kinshasa en République démocratique du Congo, avait suscité beaucoup d’espoir. D’autant que toutes les concertations initiées depuis le lancement de ce vaste chantier en 2011 avaient échoué.
Avec une production électrique avoisinant 6400 mégawatts, lorsque l’ouvrage sera opérationnel, le barrage éthiopien est le plus grand barrage africain. Il est également évident qu’il est adossé sur le Nil, le plus grand fleuve du continent, voire l’un des plus grands fleuves du monde, avec 6700 kilomètres de longueur.
Néanmoins, le Nil demeure un patrimoine commun de l’Ethiopie, de l’Egypte et du Soudan. L’Egypte tire 90 % de ses eaux du Nil. Ce fleuve prend pourtant sa source en Ethiopie. Dénommé Nil bleu en Ethiopie, le Nil devient blanc au Soudan.  Il poursuit son cours au Soudan puis en Egypte.  Ensuite, le Nil se jette dans la Mer Méditerranée au Nord du Caire, la capitale égyptienne. L’historien grec Hérodote a d’ailleurs affirmé que l’Egypte est « un don du Nil ». Car sans ce fleuve qui l’arrose généreusement, le pays des pharaons ne serait qu’un immense désert.
Dès lors, un projet de construction d’un barrage éthiopien sur le Nil ne peut être bien perçu, a priori, par l’Egypte et le Soudan.  Car ces deux pays sont situés en aval. Convaincu de son bon droit, l’Ethiopie a toujours procédé au remplissage du réservoir du barrage alors que l’Egypte et le Soudan requièrent un accord préalable avant toute initiative de ce genre. Du côté éthiopien, on tient au parachèvement de ce chantier vital. Chez les voisins, on redoute d’être privé d’une partie des eaux du Nil. A telle enseigne que les négociations entre les pays riverains ont régulièrement échoué sur le rythme du remplissage du réservoir du barrage et la nécessité de préserver la vie des populations situées en aval. Le 26 juin 2020 par exemple, l’Egypte et le Soudan avaient affirmé que le remplissage du barrage ne commencerait pas sans leur accord préalable. Le lendemain, l’Ethiopie a surpris ses voisins en annonçant que le remplissage du barrage commencera dans deux semaines avec ou sans accord pr...