Affaires : Kye-Ossi au ralenti
- Par Junior MATOCK
- 05 août 2021 12:36
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La fermeture de la frontière avec la Guinée équatoriale a conduit à la chute du commerce, et même à la désertion de cette ville par les commerçants.
Réveil animé à Kye-Ossi, ville frontalière du département de la Vallée du Ntem, région du Sud. Il n’est que 5h du matin, mais la cité vit déjà au rythme des klaxons de motos, chants de coqs et ronflements de bus de transport interurbain qui arrivent dans la ville en provenance de Douala et Yaoundé. Ce 16 juillet 2021, le long de l’axe principal qui débouche à la frontière avec la Guinée équatoriale, des lève-tôt sont repérables, malgré la fine brise qui enveloppe cette ville, véritable plaque tournante des échanges commerciaux entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale. Dans le même temps, des « couche-tard », se font presque expulser des snack-bars.
Du côté de la frontière, des soldats en faction montent la garde derrière des barricades en bois. Une tente dressée par les soins de l’armée camerounaise sert d’abri aux militaires. Aucun mouvement, fut-il des hommes ou des véhicules, n’est observé. C’est le calme plat. Au fur et à mesure que l’obscurité cède la place aux premières lueurs du jour, les mouvements des hommes, véhicules et moto-taxis s’intensifient, mais sans grande importance. « Il ne faut pas s’attendre à voir plus de monde que ça. Depuis la fermeture de la frontière avec la Guinée équatoriale, les mouvements sont très timides à Kye-Ossi, alors qu’avant, il était difficile de se frayer un chemin au milieu de la marée humaine qui inondait les rues et marchés », renseigne le moto-taximan servant de guide à l’équipe de CT. C’est que, depuis la fermeture de la frontière survenue en 2017 et confortée par l’irruption du Covid-19 en mars 2020, les activités économiques ont pris un coup, faisant ainsi perdre à cette ville, tout son dynamisme.
Récession
« Avant la fermeture de la frontière, on avait des commerçants camerounais qui allaient acheter du vin en Guinée équatoriale, tout comme des Gabonais. Mais depuis que la frontière est close, ces mouvements ne sont plus possibles », déplore Hassan Mohamed, commerçant. « Je mettais à peine trois jours pour écouler ma marchandise. Parce que les clients ne manquaient pas dans les boutiques. Mais avec la situation que nous vivons depuis quelques années, c’est à peine si on voit dix clients dans la boutique par semaine. Mes bénéfices ont été réduits de 4/5 », explique Moustapha Baba, autre commerçant. Sylvie Ntyam, quant à elle, avait pour habitude de venir acheter du vin à Ebibeyin (Guinée équatoriale) pour aller le revendre à Douala. Mais la fermeture des frontières lui impose de s’installer à Kye-Ossi, et de mettre un terme à son activité. « Je suis mère célibataire de trois filles. Je suis installée de manière permanente ici depuis plus d'un an, parce que faute de marchandises, il m'est difficile de me rendre régulièrement à Douala. J'ai donc opté pour cette cafétéria qui me permet de prendre soin de mes filles pour qui je suis l'unique parent », précise-t-elle. Au marché de la ville, une dizaine de boutiques fermées, investies par des touffes d’herbes. Sur l’axe principal de la ville, la mention « Boutiques à louer » ou « Magasins à louer », se lit sur les façades de ces espaces dédiés au commerce. Traduction de la morosité qui caractérise désormais les activités économiques. Ghislaine Ntyo’o, tenancière d’une boutique de lingerie, se souvient avec mélancolie de ce qu’elle qualifie de « beaux-jours. » « J’avais déjà des clientes &ea...
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