« Oliver Black » : tableau noir de l’immigration

Dans son film en lice pour l’Etalon d’or de Yennenga, le Marocain Tawfiq Baba s’infiltre dans les coulisses d’une odyssée clandestine vers l’eldorado.

Les dunes s’étendent à perte de vue. Dans cet immense désert qu’est le Sahara, Vendredi est totalement déphasé. Quel chemin emprunter vers le Maroc, terre de connexion vers l’Occident et sa vie parfaite ? Le jeune homme erre mais pas sans but. Sa destination : réaliser le rêve d’offrir à sa mère et à sa sœur mariée de force, un quotidien plus reluisant. Face au sable qui s’étend à l’horizon, Vendredi avance, encore et encore. Son périple va s’avérer pourtant moins solitaire qu’il ne le pense. Sur sa route, il croise un vieillard. Il l’appellera « Homme blanc ». Un lien puissant, nourri par le défaitisme, le besoin de s’accrocher à un compagnon d’infortune, ou peut-être l’espoir, se tisse entre les deux personnages. 
Le duo d’aventuriers se plaît dans ses différences. Ils évoluent en toute fraternité, brisant les tabous du racisme : l’Arabe guidant le jeune à la peau foncée, très foncée. « Homme blanc » adopte d’ailleurs Vendredi comme son propre petit-fils. Penseur, il prodigue des conseils que le jeune migrant boit comme ce thé qu’ils partagent sur plusieurs scènes cultes du film. Cela deviendra même leur rituel à eux. Derrière cette solidarité apparente, le réalisateur marocain Tawfiq Baba, auteur du film « Oliver Black », dessine d’autres contours à l’immigration clandestine. Le long métrage de 93 minutes en lice pour l’Etalon d’or de Yennenga s’infiltre dans l’épopée clandestine vers l’eldorado, en pointant avec accusation les traitements infligés à ces jeunes naïfs sortis de leur Afrique sub-saharienne natale avec de bonnes intentions, qui, kilomètre après kilomètre, fondent sous le soleil du désert. 

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