Mœurs : non à une société sans vertu
- Par Yvette Mbassi
- 16 mai 2022 13:14
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« La terre est sale ! » L’expression désormais consacrée comme un camerounisme a été récemment lancée par une de ces influenceuses très en vue. Une catégorie de femmes qu’on accuse actuellement de faire des choses étonnamment folles et dégradantes, -nous vous épargnons volontairement les détails dont chacun a pu prendre connaissance sur les réseaux sociaux-, au Moyen-Orient, contre des sommes d’argent faramineuses. D’ailleurs, il semblerait qu’elles ne soient pas les seules dans ce « business » d’un autre genre. Sur les listes en circulation depuis le déclenchement du scandale, figurent en bonne place des reines de beauté, des artistes musiciennes, des comédiennes, mannequins, animatrices télé et des filles du commun. Il se murmure même que les réseaux porta potty recrutent aussi des hommes, dans les mêmes couloirs et profils que ceux cités plus haut.
La terre est sale donc. Et pas qu’à Dubaï. On le savait déjà pour l’Occident où nos filles avaient pris l’habitude d’aller vendre leurs charmes pour revenir exhiber leur fortune mal acquise, faisant se pâmer d’admiration des âmes naïves travaillant plus de 35 heures par semaine pour des gains insignifiants. Au Cameroun, la terre est aussi sale. Et sur cette terre de nos aïeux, des enfants sont également réduits en esclaves sexuels pour des peccadilles. Ils se retrouvent embarqués, parfois à leur corps défendant, dans des pratiques peu orthodoxes : homosexualité, pédophilie, échangisme, zoophilie, scatologie, nécrophilie. Des procédés au demeurant diaboliques et inhumains dans lesquels certains se retrouvent piégés, parce qu’en quête d’un emploi, d’une promotion en entreprise ou dans l’administration… D’autres, appâtés par l’argent facile se laissent aisément corrompre par des agents du mal évoluant dans la société sous des dehors d’agneau, à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession.
Leurs victimes consentantes disent vouloir sortir de la pauvreté qui s’attache à leurs basques et colle sur leurs familles depuis des générations comme une malédiction. On pensait avoir tout vu et tout entendu en matière de déshumanisation et de maltraitance de l’Homme depuis la Traite négrière. Là, on vient de toucher le fond. Mais comment y est-on arrivé ? D’où vient-il que des personnes apparemment bien sous tous rapports affichent des comportements que l’on ne trouve pas même dans le règne animal ? Mais qu’est-ce qui ne va donc pas chez nous ? Avons-nous à ce point perdu nos valeurs et tous les honneurs ? Où est passée la fierté de l’Homme africain ? Celle qu’ont cultivée les Chaka Zulu, Soundiata Keïta, Anne Zingha, Taytu Betul, Kimpa Vita et autres amazones du Dahomey. Panafricanistes, anticolonialistes, rois, reines, prophétesses, féministes… ils sont nombreux dans l’histoire antique et récente du continent à avoir défier les clichés sur l’Homme noir en général, la femme africaine particulièrement. Un héritage pétri d’estime de soi pour l’identité noire et de la foi émancipatrice d’une race en proie à l’oppression que ces héros et héroïnes seraient bien marris de voir bradé aujourd’hui par des fils et filles du continent peu honteux de rentrer dans l’histoire par des abominations. Leurs agissements sont susceptibles de faire oublier des actes glorieux, comme la bataille de Funmilayo Ransome-Kuti, mère des droits des femmes au Nigeria. Un héritage acquis au prix du sang, aujourd’hui liquidé pour de vulgaires billets de banque, des sacs à main et chaussures d’imitation, de faux cheveux vendus au kilo, une plastique tout aussi contrefaite à l’image du teint jaune taxi de nombre de ces diffuseuses de mauvaises influences.
Encore une fois, qu’est-ce qui n’a pas marché ? Où avons-nous trébuché pour sombrer dans une telle décadence ? Les responsabilités doivent être établies. La vérité, même dérangeante, est que nous nous sommes tous rendus plus ou moins complices de ce malheur. D’abord en tressant des couronnes et en mettant sur des piédestaux des gens sans références, ni parcours traçables, transparents et crédibles. Une génération spontanée d’activistes sociaux sans foi, ni loi, spécialistes dans la vente d’illusions et prêts à tout au nom du dieu argent. Elle a définitivement saccagé ce qui restait de nos valeurs déjà en perte de vitesse, pour établir de nouveaux référentiels plus que douteux. Leurs faits d’armes se résument à des coups de gueules assaisonnés de grossièretés sur les réseaux sociaux, quand ce n’est pas l’étalage en photos de leur vie de luxure (pardon luxe) dans les milieux qu’ils veulent huppés. Ceux qui devraient normalement raser les murs, parce qu’i...
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