Burkina Faso : un passif à solder

L’idée de réconciliation initiée par les autorités militaires au pouvoir au Burkina-Faso est en elle-même louable et encourageante mais elle doit prendre en compte tous les contentieux historiques non soldés de ce pays marqué par des crises et des situations insurrectionnelles à répétition. L’échec de la récente rencontre d’Ouagadougou entre les anciens chefs d’Etat était prévisible compte tenu du contexte même dans lequel ce conclave a été convoqué. L’ancien président Blaise Compaoré, renversé du pouvoir le 31 octobre 2014 et réfugié en Côte d’Ivoire où il a été fait citoyen ivoirien traine à lui seul un lourd passif qui mérite d’être préalablement évacué. Accusé de l’assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, en octobre 1987, il venait d’être condamné à vie par contumace par la justice burkinabé. C’est aussi pendant son règne que le journaliste Norbert Zongo (et de trois compagnons de voyage) fut froidement assassiné dans son véhicule le 13 décembre 1998 et un doigt accusateur est pointé sur son frère cadet, François Compaoré, considéré comme le principal suspect de cet assassinat. Inculpé par la justice burkinabè pour « incitation à assassinat, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé en mai 2017 et fait l’objet en France d’un contrôle judiciaire. Pour une bonne génération des Burkinabés qui restent tristement marqués par les atrocités commises par le régime Compaoré, la venue de ce dernier à Ouaga alors qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui est donc considérée comme une sorte de provocation. Pour de nombreux Burkinabè, l’invitation de l’ancien président est, non seulement un pied de nez à la justice, mais aussi et surtout bafoue l’Etat de droit et fait le lit à l’impunité.
La deuxième raison du rendez-vous manqué du palais de Kosyam renvoie aux traumatismes du putsch du 24 janvier dernier et qui a vu arriver au pouvoir les militaires. Même s’il bénéficie d’une liberté de mouvement, le président renversé Roch Marc Christian Kaboré et ses inconditionnels voudraient bien se donner du temps pour oublier ce triste épisode. Et d’ailleurs une bonne partie de l’opinion publique burkinabé voit d’un mauvais œil, la très grande proximité entre les nouveaux hommes forts du pays et l’ancien président Blaise Compaoré. Certains observateurs n’hésitent pas à voir la main de l’ancien président derrière l’instabilité qui secoue le pays depuis quelques années.
Le chemin qui doit ...

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