Violences faites aux femmes : trois fois non !

« Trois femmes puissantes » de Marie Ndiaye porte sur l’histoire de trois Africaines droites et fières qui luttent de toutes leurs forces pour gagner leur dignité.

Trois textes juxtaposés, intimement liés les uns aux autres. Un roman fracturé donc, comme la vie entravée de trois femmes : Norah, Fanta et Khady Demba. Elles ont toutes connu une césure violente, de celle dont on ne se relève pas ou mal, quand on y arrive. De celle qui gangrène tout le reste de la vie. Une césure ou un écartèlement inscrit dans la mémoire des personnages pris entre deux cultures, l'Afrique et la France, ou entre deux vies.
Dans la première partie, Norah, avocate, se rend en Afrique, à la demande de son père, cruel et cynique, pour défendre son frère accusé du meurtre de sa belle-mère. Le père avait quitté sa femme en kidnappant son fils Sony de 5 ans, laissant une plaie béante, un traumatisme irréparable. Dans le second volet, Marie Ndiaye déploie le long monologue de Rudy Descas revenu d'Afrique après y avoir grandi. Il revient avec une épouse noire, Fanta, jamais présente dans le langage de l'homme, telle une énigme insaisissable, point aveugle autour duquel vont se révéler les secrets refoulés, dont le meurtre de son père. Le dernier récit de « Trois femmes puissantes », le plus glaçant, montre la trajectoire d'une femme, rejetée par sa belle-famille après la mort de son mari, qui tente de passer clandestinement en Europe. Basculer de la sécurité à l'horreur : être à la merci des passeurs, se blesser sans possibilité de soins, être maltraitée, se prostituer, être dépossédée par le seul être qui vous semblait proche. Trois récits où se répondent les culpabilités des femmes, de celle qui se tait quand son fils Sony lui est arraché, de Khady Demba qui n'arrive pas à enfanter et qui porte cette honte comme une faute originelle, ou encore la mère de Rudy Descas qui vit dans la négation de ce qui s'est passé. Cette culpabilité qui tel un poison irrigue le livre, porte tout le monologue de Rudy Descas pour exprimer une demande de pardon à Fanta et à son fils qu'il a toujours négligé.
A travers le destin de ces femmes, c'est au fond la condition humaine la plus contemporaine qu'interroge Marie Ndiaye : celle de l'appartenance à une famille, un...

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