« La monnaie est assez sensible et nous ne pouvons pas y aller de manière précipitée »

Pr. Faustin Archange Touadera, président de la République centrafricaine, président en exercice de la CEMAC.

Excellence, au terme du 15e sommet ordinaire des chefs d'Etat de la CEMAC, vous avez reçu le flambeau de la présidence. Sous quel signe placez-vous votre mandat ?
Je suis très heureux de pouvoir échanger avec la presse et je remercie la presse camerounaise pour l'intérêt accordé à mon pays avec des informations justes. Pour ce qui est de mon mandat à la tête de la Cemac, les priorités ont été définies par la conférence des chefs d'Etat. Donc les orientations sont déjà données et je suis chargé de les mettre en œuvre avec la Commission et mes pairs, parce que, en général, on se concerte. Même si ce n'est pas en présentiel, on  s'appelle, on se visite pour échanger les points de vue sur des problématiques données. Ça se pourrait qu'entre deux conférences, qu'il y ait des problèmes et c'est à ma charge de les résoudre. Mais les objectifs ont été définis. Il y a beaucoup de réformes en cours et dans mon rôle de président, je suis obligé de suivre de près leur exécution avec la Commission CEMAC. Il y a encore beaucoup de défis. La CEMAC a été créée avec une vision de solidarité et c’est ensemble que nous allons développer notre sous-région. En tant que président de la Communauté, je travaillerai pour l’intérêt de toute la population de cette communauté. Nous devrions avoir la même stratégie, parce que si chacun agit selon  ses intérêts, on ne pourra pas progresser. C’est pour cela que nous avons décidé de prendre des résolutions afin qu’ensemble nous travaillions en synergie pour augmenter notre possibilité de relever les challenges. 

De nombreuses décisions étaient attendues par les peuples de la CEMAC mais pour certains, le communiqué final n'a pas été assez précis.  Que retenir de ce sommet globalement ?
Nous avons échangé et toutes les décisions prises l'ont été de manière consensuelle. Je remercie le président Paul Biya d'avoir pris l'initiative de la convocation de ce sommet en ce moment.  C'est une conférence qui a été très bien organisée avec des thématiques actuelles.  Je remercie également le peuple camerounais pour l'accueil chaleureux et fraternel. Il faut retenir que notre communauté progresse. Beaucoup d'actions ont été menées sous le mandat du président Paul Biya avec des résultats, même si cela ne fait pas grand bruit. Nous avons traversé une période difficile avec le Covid-19 notamment, mais la communauté est restée stable, et il y a un léger mieux par rapport aux données qu'on avait avant.

En parlant de réformes, à ce jour quelle est la position de la CEMAC quant à une possible révolution du franc CFA?
Des recommandations ont été formulées et nous avons demandé aux institutions spécialisées au niveau de la Commission de la Cemac et de la BEAC de poursuivre les réflexions et dans un délai très court, nous y reviendrons. Il y a déjà eu une première réflexion sur laquelle nous avons travaillé lors du sommet et des orientations ont été données de manière très claire. Très rapidement, nous allons approfondir et prendre des décisions. A l'exemple de nos frères de l'UMEOA, nous avançons. Pour notre zone nous ne sommes pas à la traîne, parce que les réalités ne sont pas forcément les mêmes et nous devons tenir compte de ces réalités, de la  vision de nos populations et de notre espace. Donc dans un court délai, des décisions seront prises en relation avec nos partenaires parce que la monnaie est assez sensible et nous ne pouvons pas y aller de manière précipitée.

Les problèmes d’intégration restent poignants dans la sous-région et les initiatives qui portaient déjà des fruits sont parfois menacées. C’est le cas du corridor Douala-Bangui. Que faire pour que les choses aillent mieux de ce côté ? 
C’est un corridor très important qui rentre dans le cadre des relations bilatérales et nous remercions les autorités camerounaises pour leurs diligences chaque fois qu’il y a des problèmes, à régler certaines questions. A ce jour, le corridor Douala- Bangui est la seule voie d’approvisionnement, outre la voie aérienne, de la République centrafricaine. Il est tout à fait clair que c’est une voie très importante pour l’économie et le peuple centrafricains. Et les autorités camerounaises l’ont compris et nous aident. Mais dans ces échanges commerciaux, il y a des problèmes avec les transporteurs, des grèves, des difficultés au point de vue sécuritaire, etc. et tout cela créent des conditions difficiles pour les transporteurs et les autres usagers. Mais je dois vous assurer que nous travaillons en bonne intelligence avec les autorités camerounaises qui comprennent que c’est une voie importante pour nous et sont toujours dans la célérité à gérer ces questions. Evidemment, on ne peut pas toujours prévoir les difficultés sur les voies, mais à chaque fois, on a des solutions très rapides. Ce que nous demandons aux usagers c’est beaucoup de compréhension compte tenu de l’enjeu. Bien entendu, dans la résolution de la crise centrafricaine, nous avons privilégié pour tous les pays voisins de la RCA, des commissions mixtes pour qu’elles nous aident. Dans l’accord politique pour la paix et la réconciliation en Centrafrique, tous nos voisins sont facilitateurs et pour régler ça, on a besoin d’échanger avec eux et l’un des points importants c’est la tenue régulière des commissions mixtes que nous avons organisées, parce que pendant la période de crise, ces pays frères ont accueill...

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