« Des expulsions à partir du mois de juin »

Jeanine Ngo’o Eba, directeur de la régulation de la main d’œuvre au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

Vous avez récemment entamé une mission à travers le pays dont le but est de veiller à la régularité des travailleurs de nationalité étrangère. Qu’est-ce qui a motivé ces descentes ?
C’est un sujet préoccupant pour le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, et même pour le gouvernement, de manière générale. Nous avons constaté que de nombreux étrangers entrent au Cameroun pour travailler, mais, auprès des services de l’émi-immigration, ils évoquent d’autres motifs qui n’ont rien à voir avec le travail. Ce qui fait qu’ils ont des titres d’entrée et des cartes de séjour qui ont des motifs n’ayant rien à voir avec le travail. Or, ils sont dans les entreprises, occupant des postes de responsabilité qui devaient normalement revenir aux Camerounais. Le gouvernement ayant fait de l’occupation de ces postes par des étrangers, un objectif financier, nous allons dans ces entreprises débusquer ceux qui sont entrés de manière irrégulière et continuent de travailler, pour n’avoir pas été autorisés à le faire par le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minefop). Nous les traquons, pour qu’ils régularisent leurs situations, pour ceux qui peuvent le faire, ou alors ils subissent les affres de la rigueur de la loi en vigueur en la matière.  

Rendu à mi-parcours de cette opération, quel bilan pouvez-vous en faire ?
Au niveau de la ville de Yaoundé où nous avons visité une vingtaine d’entreprises, à peine deux ont des expatriés en situation régulière, donc ayant bénéficié de l’autorisation du Minefop à exercer une activité professionnelle au Cameroun, conformément à la règlementation en vigueur. Lorsqu’on sait que la moyenne des expatriés dans ces entreprises est entre cinq et 10, vous voyez que ceux qui exercent leurs activités au Cameroun, en marge de la règlementation en vigueur, sont nombreux. Dans les autres villes du Cameroun, la situation est identique à celle de Yaoundé, peut-être même plus préoccupante dans la ville de Douala. Le nombre d’entreprises basées dans cette ville est plus important et la plupart des projets à capitaux étrangers sont également situés dans cette capitale économique. Il en est de même dans les autres régions, à savoir l’Est, le Sud, l’Ouest, bref, partout où le gouvernement a lancé des projets d’investissement.

L’un des objectifs de ces descentes était d’expulser du territoire camerounais, des travailleurs étrangers clandestins. Cette solution a-t-elle véritablement été mise en œuvre ?
Je voudrais dire que le président de la République, à travers le Premier ministre, a instruit au Minefop de prôner d’abord la sensibilisation, en amenant tous ces promoteurs qui emploient les travailleurs de nationalité étrangère, à régulariser leurs situations. Nous sensibilisons d’abord et, lorsque la mauvaise foi est manifeste, c’est en ce temps qu’on pourrait passer aux pénalités, comme le prévoit la réglementation en vigueur, selon les nouvelles dispositions de la loi de Finances. Lorsque malgré tout cela rien n’est fait, le ministre de l’Emploi peut recourir aux services compétents de l’Etat, pour pouvoir arriver à l’expulsion ou au refoulement aux frontières.
Au-delà de l’expulsion, quelles sont les autres mesures prises par l’Etat pour faire respecter la règlementation en la matière ?
Pour l’instant, le ministère œuvre pour la sensibilisation. Cet exercice est pratiqué depuis le mois de janvier. Ça fera donc bientôt six mois que le ministre de l’Emploi est dans cette logique. A partir du mois de juin, il y aura des expulsions effectives dans des lieux de service des expatriés en situation irrégulière. Le ministre a prescrit à ses services compétents, en collaboration avec les services de la Délégation générale à la sûreté nationale, de mettre hors des lieux de travail, tous les travailleurs étrangers en situation irrégulière sur le territoire national. 

Avez-vous l’impression que ces mesures portent des fruits ?
Effectivement. Au niveau de Yaoundé, sur les 20 entreprises visitées, il y a la moitié qui a déjà soumis leurs dossiers qui sont en cours de traitement au ministère. La plupart de ces entreprises, lorsqu&rsq...

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