Télévision : au nom de la loi…

Depuis quelques semaines, les téléspectateurs de la chaîne de télévision francophone TV5 Monde ont rendez-vous depuis le 14 mai dernier avec « Pouvoirs et loi ». Une série judiciaire mettant en scène l’avocat Isaac Lowe désireux de passer la main à son ambitieuse fille Mélissa. L’enthousiasme de cette dernière progressivement prendra un sacré coup avec la découverte des squelettes logés dans le placard de son père. La série 100% camerounaise met en lumière les crimes, les rituels et les délits observés dans nos cités à travers les interactions de quelques noms biens connus de la télévision et du cinéma camerounais : Blanche Bilongo, Tatiana Matip, feu Alphonse Béni, Kareyce Fotso, Hortavie Mpondo ou encore Rigobert Tamwa Eshu. A l’origine de ce projet, on retrouve Armelle Kuémo jouant le rôle de Mélissa dans la série. Avec CT, elle revient sur la genèse, l’ancrage social et les premiers retours de la série coproduit avec sa sœur Carine.

D’où vous vient l’idée d’une série judiciaire 100%camerounaise ?
J’adore les séries judiciaires et je me suis rendu compte aussi que de milliers de personnes ont la même passion. Les séries « Scandal », « New York Police judiciaire », « Murder », « Suits », « Bull », etc. ont connu un succès énorme. Mais ce sont des séries qui viennent d’ailleurs. Le paysage cinématographique francophone est quelque peu vide sur ce thème-là. L’espace reste en friche et je me suis lancée. Il faut aussi dire que j’ai été motivée par ce qu’avait fait en son temps mon défunt père, Me Michel Kuémo, bien connu au Cameroun sous plusieurs casquettes. Mathématicien, enseignant, auteur des brochures mathématiques et pionnier dans la production de la série judiciaire 100% camerounaise « Le Procès de Me Hell », diffusée il y a quelques années sur les antennes de la CRTV. Papa était lui-même acteur. Malheureusement, la série s’est éteinte avec son décès. Animées par la volonté de faire quelque chose à la suite de papa, avec ma sœur Carine (Kuémo), nous nous sommes décidées à faire dans le même genre. Pas forcément dans la continuité du projet de papa, mais une série qui vulgarise le droit et la loi. On se disait que cela devait répondre au besoin de quelqu’un quelque part.

Quels sont les retours que vous avez de la série ?
Nous avons de très bon retours depuis le lancement de la diffusion, il y a deux semaines sur TV5 Monde. Nous sommes reconnaissants de tout le bien qu’on dit de la série qui a reçu le Prix du jury au Festival Ecrans Noirs 2021. Les téléspectateurs apprécient la thématique, les jeux d’acteurs, etc. C’était un pari.  Ma sœur Carine (coproductrice) et moi sommes contentes de l’avoir pris. Nous avons bien l’intention de continuer l’aventure. Le public veut être assuré que « Pouvoirs et Loi » ne s’arrêtera pas au premier épisode. Par la grâce de Dieu, nous irons le plus loin possible pour proposer la deuxième, la troisième, voire la quatrième saison. De toute les façons, nous ne sommes pas parties pour nous arrêter à la première saison seulement. 

Parmi les critiques, on note l’effet miroir social à chacun des épisodes…
« Pouvoirs et Loi » rentre dans l’actualité qui traite du droit, des problèmes juridiques que les gens rencontrent tous les jours. Nous mettons en scènes nos réalités. Les problèmes de corruption, de trafic d’influence, de sorcellerie, de débauche, mais aussi de bataille pour un Cameroun debout sont d’actualité. Il faut le dire, nous voulons passer un message. Les problèmes du Cameroun ne sont pas une fatalité. Au-delà de l’envers du décor, la série présente le Cameroun dont on rêve avec des patriotes incarnés par Melissa (joué par Armelle Kuémo). C’est un Cameroun souhaité et qui se réalise déjà. La saison 2 continuera dans cette perspective...