« Je pense que le salut de l’Afrique ne viendra pas des ressources naturelles »

De quoi parlez-vous concrètement dans l’ouvrage « Les huit et l’unique façons d’être noir » que vous venez de commettre ?
En son temps, Cheikh Anta Diop énonçait trois questions structurantes de son idée de Renaissance africaine sans en préconiser un contenu. Passées les épisodes de l’esclavage et de la colonisation. L’une de ces questions était : quelle est la place du continent dans l’évolution de l’humanité ? C’est une préoccupation qui me semble davantage valoir tout son pesant d’or aujourd’hui. Dans cet ouvrage de huit chapitres dont le leitmotiv repose sur les fondements originels de l’identité nègre, il s’agit de l’assomption par ce peuple persécuté parce que élu de sa responsabilité, pris comme catégorie ontologique parmi d’autres, appliqué à son privilège de primogéniture pour parler comme le président et poète Léopold Sédar Senghor. 

Pourquoi une incursion dans la crise anglophone ?
L’incursion dans la crise dite anglophone permet de poser avec plus d’humilité la problématique liée à la construction des Etats dans les pays de l’Afrique postcoloniale et de leur promotion comme des Républiques véritables en dépit des richesses de leurs sols et sous-sols, surtout pour ce qui est du cas très spécifique du Cameroun où se déroule presque toute la trame du roman. Si l’on analyse le fait du point de vue de l’héritage desdites régions, issu de leur histoire avec le Royaume-Uni, alors l’argument de la décolonisation me semble mis à rude épreuve. Quant à l’argument sécessionniste fondé sur l’exploitation des ressources naturelles, -et Dieu sait si nos pays en regorgent à profusion, pas moins pour le Nigeria voisin avec la guerre du Biafra que pour le Soudan ou encore le Katanga au Congo par exemple, - il se heurte au principe de la destination universelle des biens hérités de la création. D’ailleurs, sur ce point, je pense qu’il y a urgence, tout en tirant les enseignements qu’impose l’actualité, de déconstruire le rapport des ...