Education : du respect pour les enseignants !

Deux incidents ont défrayé la chronique la semaine dernière au collège privé catholique Jacques de Bernon à Maroua et mettant en scène enseignants, élèves et parents d’élèves. Le 14 février dernier alors que des élèves de cet établissement assistaient à

 


Informé de ce mouvement accidentel par des proches, le parent de l’élève en question, usant de son autorité (il est fonctionnaire du commandement préfectoral) a immédiatement saisi le parquet près les tribunaux de Maroua qui, à son tour, a ordonné illico presto la descente d’une escouade de policiers au sein dudit collège aux fins d’interpeller l’élève à l’origine de cette bousculade.
Dans la même semaine, un autre parent d’élève du même établissement s’en est violemment pris à une enseignante dont la faute aura été d’avoir retenu sa fille à l’école deux heures après la sortie des classes pour devoir non fait. Dans un « voice » (message vocal enregistré) envoyé à l’enseignante et abondamment relayé dans les réseaux sociaux, ledit parent a proféré menaces et incivilités à l’endroit de la jeune enseignante jusqu’à faire une intrusion dans sa vie privée. Ces deux cas d’agression ont suscité l’indignation de la communauté éducative.
Ils rappellent certes l’accès de violence devenu récurrent en milieu scolaire, mais interpellent quant à la violation intempestive des enceintes scolaires et aux rapports enseignants-parents d’élèves. Nous avons encore fraîche dans nos mémoires, la bastonnade punitive qu’un commandant de brigade de gendarmerie a administrée en novembre 2018 à un surveillant général au lycée bilingue de Mayo-Oulo dans la région du Nord.
Pour venger sa fille qui avait été punie pour refus d’effectuer des travaux manuels, « le cb » qui a eu le renfort de son épouse, s’était rendu au lycée pour donner une correction mémorable au surveillant général avant de regagner ses bureaux. A Bafoussam, c’est un militaire en furie qui s’était introduit dans une école pour régler physiquement des comptes à une enseignante accusée d’avoir sévèrement puni son fils.
 Il y a trois ans, un sous-préfet avait fait irruption dans une salle de classe et brutalisé un enseignant qui était en pleine évaluation de ses élèves. L’infortuné sera par la suite embarqué par la police sur ordre du « chef de terre » et passera la nuit au commissariat, avant d’être relâché le lendemain sur la demande du préfet de céans et du délégué régional des Enseignements secondaires, tous descendus sur le terrain pour s’enquérir de la situation.
 Cette brève chronique des faits qui rendent compte des tensions au sein des établissements et qui schématisent les rapports conflictuels entre les enseignants et les parents d’élèves ne constituent que la partie visible de l’iceberg. Depuis quelques années, les cas de violences aussi bien physiques que morales des parents envers les enseignants connaissent une tendance inquiétante. Ce phénomène allie de simples actes de mépris, aux menaces, injures et agressions physiques à l’égard de l’enseignant.
Qu’on se comprenne bien, il ne s’agit pas pour nous de sanctifier le corps enseignant qui, comme toutes les autres corporations, peut compter en son sein des brebis galeuses, ni de diaboliser les parents d’élèves dont certains sinon la plupart font montre de postures exemplaires envers la profession enseignante. Il est question d’interpeller la communauté éducative sur des cas récurrents des enseignants qui sont de plus en plus humiliés outrageusement par leurs propres élèves, les parents ou certains, corps sociaux.
Au moment où les pouvoirs publics se déploient pour trouver des solutions durables à leurs revendications, la multiplication des actes d’agression envers ce corps fait un peu désordre et fait craindre de fâcheuses conséquences sur le climat social au sein des établissements scolaires, sur les rendements des enseignants et sur leurs rapports avec les apprenants. Pourtant, la loi du 14 avril 1998 qui fixe le cadre juridique général de l'éducation au Cameroun sanctuarise non seulement les enceintes scolaires mais garantit aussi la protection de l’enseignant. L’article 37 de ce texte indique clairement que « l’Etat assure la protection de l’enseignant et garantit sa dignité dans l’exercice de ses fonctions ».
Les agressions décrites et décriées plus haut tombent sous le coup de l’article 27 de la loi sus-évoquée et qui précise que « l’enceinte d’un établissement d’enseignement est inviolable ». Les mêmes dispositions soulignent que « les chefs d’établissement scolaire sont responsables du maintien de l’ordre dans leur établissement » et « l’intervention des forces de l’ordre ne peut y avoir lieu que sur leur réquisition expresse ».
On s’étonne donc de ce que malgré ces dispositions légales, gendarmes et policiers font souvent irruption dans certains établissements pour y interpeller les élèves ou les enseignants et ce, sans avoir préalablement prévenu le chef de l’établissement. La loi prévoit un seul cas de bé...

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