Initiation à l’écriture littéraire : le mentorat de Danielle Eyango

Depuis quelques années, le constat du désintérêt du public en général et des jeunes en particulier pour les belles lettres a de façon claire été dressé. Les réseaux sociaux, Internet, la télévision, les plateformes de téléchargement, les télénovelas sont passés par là avec leurs lots de nouvelles habitudes de consommation. Une tendance redoutée du fait des conséquences à craindre dans les vocations littéraires. Certains passionnés ne baissent pas les bras et croient en de lendemains meilleurs. Des histoires relatées au moyen de l’encre couchée sur des pages claires gardent leur saveur et leur piquant. Danielle Eyango, auteur de l’année aux Étoiles de l’édition en 2023 et au Salon international de l’industrie du livre de Yaoundé en 2024, fait partie de ces auteurs activistes soldats de l’amour pour la littérature. Une cause noble qu’elle s’efforce de transmettre dans les milieux scolaires sous le prisme du phénomène contemporain des féminicides. Dans les colonnes de CT, l’auteur du roman « Quand les racines chantent » parcourt les pages de son combat.

Qu’est-ce qui explique votre présence récurrente ces derniers mois auprès des jeunes scolarisés du pays ?
J’ai toujours eu à cœur, dans une démarche purement littéraire, de faire connaître mes œuvres aux plus jeunes, sans attendre qu’ils viennent dans les librairies ou les autres points de vente. Dans ma démarche d’écrivaine, j’ai toujours manifesté la volonté d’apporter l’amour de l’écriture, de la littérature, dans les établissements scolaires. De par mon cheminement personnel, j’ai expérimenté personnellement la thérapie par l’écriture et par la littérature. Et j’ai cette conviction que les belles lettres, par ricochet, peuvent redresser l’être humain dans ses blessures et peuvent en faire un meilleur citoyen. Je l’ai toujours dit, j’écris pour guérir. Je tiens à partager cette faculté de guérison par l’écriture avec les plus jeunes et spécialement à travers le phénomène des féminicides récurrents. On en a eu plus de 70 l’année dernière, si l’on s’en tient aux statistiques du magazine Griote. Donc, j’ai observé qu’on ne donnait pas toujours la parole aux enfants témoins de ces violences faites aux femmes et qui n’ont pas la possibilité de se guérir. Un enfant qui n’évacue pas va reproduire le même schéma de violence dans l’établissement scolaire. Les jeunes qui viennent avec des armes blanches, qui agressent leurs enseignants, sont des formes maladroites d’exorcisme de la violence qu’ils vivent au quotidien au sein de leur écosystème le plus restreint. J’ai vraiment décidé de pousser un peu plus loin ma démarche des ateliers et de les axer sur les féminicides.


Quelle est votre offre à leur attention ?
L’association Care N Hope qui déploie des efforts en direction des enfants des familles démunies, m’a sollicité pour des ateliers et j’ai mis sur la table le sujet des féminicides. Et depuis bientôt cinq mois, nous sommes dans ces sessions une fin de semaine par mois à Yaoundé. J’anime des ateliers d’écriture durant lesquels les enfants racontent ce qui se passe dans leur famille et je leur apprends à mettre en forme leur narration sous la forme d’un roman ou d’un court récit romancé. C’est un projet accompagné par le ministère des Arts et de la Culture et par le Centre régional de promotion du livre en Afrique au sud du Sahara. Au terme du projet, un recueil de textes sera édité et dédicacé à Yaoundé au cours d’une cérémonie au cours de laquelle ces enfants seront trait&...

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