Littérature : le devoir de mémoire de Christian Eboule

Il y a un peu plus de 15 ans, le journaliste camerounais Christian Eboule, employé à TV5 Monde, répondait à un appel. Celui de jeunes Gabonais lui demandant de rédiger une biographie sur un de leurs illustres compatriotes, le capitaine Charles N’Tchoréré, méconnu du grand public africain. D’ailleurs, M. Eboule n’a jamais entendu parler de lui. Plus de 15 ans plus tard, le processus de recherche et d’écriture et les conseils de ses proches l’ayant conduit vers la fiction « pour toucher un public plus grand », Christian Eboule est au Cameroun pour présenter « Le Testament de Charles », roman inspiré de la vie du capitaine. Publié en France en 2024, son édition africaine constitue l’œuvre phare de la rentrée de l’éditeur local Afrédit pour cette année 2025. Un devoir de mémoire sur lequel il revient dans l’interview ci-dessous. 

Quel est l’intérêt du roman « Le Testament de Charles » ?
Dans mes recherches pour l’écriture de cette histoire inspirée de la vie du capitaine Charles N’Tchoréré, je suis allé au Sénégal et un jeune m’a demandé à quoi leur sert cette vieille histoire, avec quelqu’un qui est né en 1896. Il m’a parlé de leur principal problème, les affres de l’immigration clandestine. Je lui ai dit que le livre est encore d’actualité pour une raison : la France est venue non seulement coloniser, mais aussi prendre les forces vives de notre continent pour aller faire les deux guerres mondiales pour son compte. Des guerres avec lesquelles nous n’avions rien à voir. Et pour parler d’immigration clandestine, elle a touché même ceux qui sont allés défendre la France, comme Lamine Senghor, un ancien tirailleur gravement blessé et intoxiqué par les gaz pendant la première guerre mondiale. Il a voulu repartir en France, on ne lui en a pas donné l’autorisation. Mais il y est quand même allé, clandestinement, juste après la guerre. Par la suite, Lamine Senghor est devenu l’un des tout premiers indépendantistes. Il a lutté pour que nous soyons libres. Et si dans ce roman, on évoque les tirailleurs, c’est parce que quand ils revenaient de la guerre, ils démystifiaient le blanc pour ceux restés sur le continent. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut connaître cette histoire. 


Justement, aviez-vous une mission à remplir à travers cette œuvre, dans le contexte actuel de réappropriation de la mémoire du continent ? 
Le travail sur le capitaine Charles N’Tchoréré a été une quête et une enquête. Dans ce processus, je me suis rendu au Gabon et le neveu du capitaine, Marcel Robert Tchoreret, qui a créé la fondation portant le nom de son illustre parent, m’a confié non seulement les archives, mais aussi la mission de faire vivre la mémoire de son oncle. Mais en plus de la mission de reconnaissance pour le capitaine Charles N’Tchoréré, ce roman est aussi une volonté de contribue...

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