Paul Biya : l’art de l’anticipation
- Par Jean Francis
- 24 mars 2025 11:49
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Au moment où il accède à la magistrature suprême du Cameroun, Paul Biya, vice-président du Comité central de l’Union nationale camerounaise (UNC), a-t-il compris que cette formation politique, loin de l’aider à mener la politique qu’il entendait implémenter, allait plutôt constituer un obstacle à cette ambition ? Pour ceux qui ont lu l’ouvrage « La flamme et la fumée » d’Henri Bandolo, l’on est tenté de répondre par l’affirmative. En effet, s’il est membre de ce parti politique, unique formation de la scène politique camerounaise à l’époque, le « jeune président » sait alors que l’UNC est truffée de personnes dont la première ambition va être de lui mettre les bâtons dans les roues. Dès lors, il est animé par une seule volonté : disposer « d’un appareil idéologique en phase avec sa démarche pour le soutenir », comme le souligne le secrétaire général du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Jean Nkuete, dans la circulaire rendue publique le 11 mars 2025, à l’intention des militants de cette formation politique, à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire du RDPC. Dans son discours de clôture du Congrès de Bamenda en mars 1985, Paul Biya posait déjà la problématique de la capacité de l’UNC à relever les nouveaux défis. « Au-delà du caractère cyclique des assises de notre congrès, les événements d’une nature exceptionnelle qui ont marqué la vie du parti et de la nation, depuis notre dernière rencontre à Bafoussam, nous ont imposé la nécessité de nous interroger sur la capacité de l’Union nationale camerounaise à apporter des réponses adaptées aux exigences nouvelles de l’œuvre de construction nationale, ainsi qu’aux préoccupations d’avenir du peuple camerounais ». C’est donc dans ce contexte que le RDPC voit le jour, le 24 mars 1985, dans ce que l’on désigne à son siège situé sur les bords du Lac municipal à Yaoundé, « par le biais d’un subtil changement du nom de l’UNC » dont certains avaient du reste du mal à faire le deuil.
Son président national peut dès lors commencer à implémenter sa vision concernant l’ouverture démocratique. Bien conscient des pesanteurs auxquelles il est appelé à faire face, le président Paul Biya sait bien qu’il doit y aller avec méthode, mais détermination. Le RDPC se présentant comme un prolongement de l’UNC, certains anciens ténors ayant simplement migré vers la nouvelle formation politique. Avec leurs méthodes. Mais Paul Biya entend voir évoluer une formation politique ouverte, accueillant les Camerounais de diverses sensibilités, réceptive à toutes les idées et opinions susceptibles de contribuer à la poursuite de l’œuvre de construction du pays. Le président national du RDPC entend se servir de cette formation comme d’un laboratoire où il va implémenter ses idées sur le plan démocratique. Trois ans après la tenue du Congrès dit du Renouveau à Bamenda, des élections sont organisées au Cameroun. Pour choisir les députés à l’Assemblée nationale, les électeurs avaient, pour la première fois depuis l’indépendance du Cameroun en 1960, la possibilité de voter pour les candidats de leur choix, bien qu’ils fussent tous membres du RDPC, parti unique. On allait ainsi enregistrer un changement de l’ordre de 85% dans la composition de l’Assemblée nationale. De nombreux hiérarques du parti ont été laissés sur le tapis. Fort de cette expérience, le président national du RDPC décide de franchir un cap : sortir du cadre de son parti et mener sa politique d’ouverture démocratique sur la scène nationale. Lors du premier Congrès ordinaire du parti en juin 1990, il invite ses camarades à se préparer à affronter une éventuelle concurrence. A-t-il été compris ou alors ce sont ces « caciques » qui l’ont accompagné dans le RDPC dès 1985 qui éprouvent de la peine à se faire à l’idée d...
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