« La femme est mieux placée pour évaluer les besoins »

Andrée Caroline Mebande Bate, directeur général du centre national d’études et d’expérimentation du machinisme agricole (CENEEMA).

Mme le directeur général, vous êtes à la tête d’une entreprise qui promeut la mécanisation, le machinisme agricole. Et qui dit mécanisation, voit d’abord l’homme. Quelle place occupe la femme dans cette structure ? 
Je voudrais d’abord dire que le machinisme a trois grandes composantes : les outils à motricité humaines (houes, machettes, etc.), les outils à traction animale et les outils motorisés. Maintenant, le chef de l’Etat demande de changer de cap dans le cadre du développement de l’agriculture et d’aller vers celle de seconde génération. Le Ceneema est là depuis 1974 et y travaille. Nous avons le devoir de le mettre à l’échelle. Donc la mécanisation a toujours été le travail des hommes, mais quelques femmes s’y essayaient. A mon arrivée, il y avait, parmi le personnel ingénieur, une dame, spécialiste du génie rural. Parmi les tractoristes, nous avons aujourd’hui des dames que nous avons formées et recrutées à titre saisonnier. Et dans nos prochaines sessions de formations, les dames inscrites sont de plus en plus nombreuses. Ça nous permet non seulement de mettre sur le marché des utilisateurs de machines agricoles qualifiés mais d’avoir un carnet d’adresse à exploiter en cas de grandes prestations, pour ainsi mieux apprécier nos produits et soit en retenir les meilleures en fonction des besoins de la structure, soit les recommander aux exploitants agricoles qui le sollicitent, et qui ont des engins sans utilisateurs. Dans notre personnel, il y a également une femme qui manipule les engins lourds, dont un compacteur et une pelle chargeuse.
Selon vous, quelle pourrait être la touche de la femme pour améliorer l’agriculture au Cameroun?
La production agricole au Cameroun provient à 80% du travail de la femme. Et nous connaissons la pénibilité du travail des agricultrices camerounaises. Nous sommes conscients de tous les problèmes qu’elles rencontrent et de leurs besoins en termes de mécanisation, filière par filière. La femme camerounaise aujourd’hui n’est plus seulement dans la culture vivrière. Dans le cacao par exemple, le gros problème c’est l’écabossage. On le fait encore à la main et ça prend un temps fou. Même au sein des coopératives, lorsqu’elles se mettent à plusieurs pour écabosser plantation après plantation, il y a un risque que les dernières cabosses soient déjà pourries lorsqu’on y arrive. Ces femmes ont donc besoin d’une écabosseuse motorisée pour aller vite. On doit également mécaniser les chaînes de valeurs, comme ces moulins utilisés dans la transformation des produits agricoles. On a certes dépassé l’ère de la pierre à écraser, mais il serait temps d’améliorer la qualité de ces petites machines. Avec ce saut qualitatif, la femme qui est mieux placée pour évaluer les besoins, pourrait faire beaucoup plus que maintenant. La place de la femme ...

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