Manipulation illicite de produits pétroliers : jeux dangereux

Le secteur pétrolier est gangréné par un phénomène depuis des années : la manipulation frauduleuse des produits. L’actualité est de plus en plus marquée par la détection d’usines de siphonage de bouteilles de gaz domestique et la saisie de stocks de carburant frelaté. Malgré les dénonciations des usagers ou les opérations de contrôle des différents agents des administrations publiques, ce fléau dont les tentacules s’étendent à des niveaux élevés partant du plus petit revendeur avec des modes opératoires bien précis, est rampant au Cameroun.
Gaz domestique : bouteille à moitié pleine 
Imaginez le désarroi d’une ménagère quand, en pleine préparation du repas, les foyers s’éteignent alors qu’elle a remplacé sa bonbonne quelques jours plus tôt. C’est une situation à laquelle plusieurs ménagères font face.  « A l’époque, je pouvais utiliser une bouteille pendant près d’un mois pour cinq personnes à la maison. Mais depuis quelque temps, elle atteint difficilement deux semaines », déplore Carine Engono, ménagère. Comme elle, plusieurs autres ménagères connaissent le même désagrément. Paradoxal ! Quand on sait que les bouteilles en question sont supposées peser 12,5kg et contenir une quantité conséquente de ce produit pétrolier. 
C’est que des individus mal intentionnés ont développé un système de siphonage. Une pratique qui consiste à aspirer une certaine quantité de gaz d’une bouteille pour la transvaser dans une autre, vide. Ceci, suivant le principe de vases communicants. D’après une source au ministère de l’Eau et de l’Energie, il est répandu dans les villes de Yaoundé et Douala, ce d’autant plus que les consommateurs des zones rurales utilisent principalement le bois de chauffe ou du charbon. Le pot-aux-roses a été découvert lorsqu’à la suite d’une mauvaise manipulation, un centre emplisseur clandestin, sis au quartier Etoudi à Yaoundé, a explosé en 2015. Plus récemment, en février dernier, le ministère du Commerce a démantelé un réseau de siphonage de gaz à usage domestique au quartier Yassa à Douala, et a immédiatement procédé à la saisie de 600 bouteilles. Tout étant parti d’une vidéo en circulation sur les réseaux sociaux. Les contrefacteurs ne se contentent pas de vider les bouteilles de gaz. Ils les remplissent d’eau pour éviter que l’acheteur ne se rende pas compte du subterfuge.
Carburant : de la citerne aux bidons
Avoir du carburant en dehors des stations-service c’est bien possible et même très courant. Le long de certains grands axes routiers du pays comme Edéa-Douala, Bekoko-Tiko, Souza-Loum et dans certains quartiers dans les villes le phénomène est rampant. Notamment à Nsam aux environs de la Société camerounaise des Dépôts pétroliers. Ici, des trafiquants, assis le long des trottoirs en longueur de journée, cachent parfois leur carga...