Subventions aux produits pétroliers : l’inévitable réajustement des prix

Le consommateur des produits pétroliers au Cameroun ne sait peut-être pas que ce qu’il paie pour obtenir ces précieux combustibles est largement en dessous du prix normal du marché. Selon les données du ministère du Commerce (mars 2022), le litre de super qui lui est servi à 630 F vaut en réalité 1 016 F, soit une différence de 386 F. Celui qui demande du gasoil devrait payer 1 027 F, au lieu des 575 F qui lui sont réclamés, soit une différence de 452 F. Tandis que le litre de pétrole lampant est vendu à 350 F au lieu des 849 F que coûte en réalité ce produit. S’agissant du gaz domestique, la ménagère qui achète sa bouteille de 12,5 kg à 6 500 F devrait payer plus du double, à savoir 13 277 F, avec une différence de 6 777 F que l’Etat prend à son compte pour soulager les ménages. Depuis quelques mois, ces chiffres pourraient même augmenter au regard de deux facteurs. En effet, depuis l’incendie de la Société nationale de raffinage en mai 2019, le Cameroun est à la merci du marché international qui évolue au gré des fluctuations des cours du marché pétrolier. Une situation qui fragilise le pays parce que, quand les cours s’envolent, il faut fatalement payer plus cher. Le deuxième facteur est lié au fait que les importations de produits pétroliers nécessitent beaucoup de devises qui sont pourtant rares. En juillet 2022, Véronique Moampea Mbio, directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers, indiquait qu’« il y a six mois, une cargaison de 10 à 12000 tonnes du produit coûtait cinq millions de dollars. En raison de la crise en Ukraine et de la rareté des produits, la même cargaison coûte aujourd’hui (Ndlr : juillet 2022) 15 millions de dollars ». Si vous faites la différence, concluait-elle, « vous allez comprendre sous quelle pression la BEAC se trouve en même temps que les autres banques en ce qui concerne le financement d’un tel volume d’activité économique ». C’est dire que le poids du niveau actuel des subventions est intenable sur la durée, compte tenu des autres dépenses incompressibles importantes que l’Etat doit absolument financer (sécurité, santé, éducation, justice, infrastructures diverses, etc.)                                                                                                                        
Plus précis dans son message à la Nation le 31 décembre dernier, le chef de l’Etat, Paul Biya, a fourni des statistiques impressionnantes qui donnent une idée claire de la charge de plus en plus lourde que représentent ces subventions pour le Trésor public. Afin de garantir l’approvisionnement régulier du marché domestique en produits pétroliers et en gaz domestique, il a fallu, a-t-il indiqué, augmenter le volume des subventions publiques, au prix d’importants efforts budgétaires. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2022, a révélé le président de la République, &la...

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