Ces brebis galeuses en uniforme

Les lamentations d’un internaute, accusant un homme en tenue de divers abus, retiennent l’attention des usagers de la Toile depuis plusieurs jours. L’homme se plaint de filouterie de loyer et violences diverses. Selon ses déclarations, le militaire louant son logement depuis une dizaine de mois a déménagé sous bonne escorte de compagnons d’arme, emportant les loyers impayés. Au passage, de nombreux biens détruits, des téléphones portables confisqués et des blessés.
Les forces armées et la police camerounaises comptent parmi les plus respectées sur le continent, au regard de la rigueur et de la discipline qui les ont toujours caractérisées. Hélas, certains actes dégradants ces dernières années, même s’ils sont seulement le fait de quelques brebis égarées, peuvent déteindre sur le groupe et écorner son image. Des éléments véreux se font négativement remarquer par des abus d’autorité et de confiance, trafics d’influence, règlements de comptes, extorsions, intimidations, délits de fuite lors des accidents de la circulation, bagarres, présence en uniforme dans les bars et autres lieux inappropriés, notamment. Il faut voir ces individus, rançonner des automobilistes sur les axes routiers, refuser de payer la course en taxi, leur consommation dans les débits de boissons, le bouillon de pattes de bœuf ou les beignets, haricot, bouillie consommés au coin de la rue. Oui, certains en arrivent à descendre aussi bas !
Certes aucune société, aucune armée n’est parfaite dans le monde, mais ces scènes surréalistes sont inadmissibles. Surtout de la part d’éléments des forces de sécurité censés être des modèles de vertu, montrer le bon exemple, rassurer, protéger les honnêtes citoyens. Au lieu de cela, ils deviennent leur pire cauchemar. Conscients de ce que ces comportements ternissent l’image de l’armée et de la police ; mettent à mal le diptyque armée-nation au risque d’exacerber les tensions sur nos forces de l’ordre et de sécurité, les hauts commandements des différents corps travaillent à extirper la vermine, à les purger de la mauvaise graine. Plusieurs mécanismes sont de ce fait mis en place pour réduire le fléau à sa plus simple expression et limiter la contagion. Ainsi, des réflexions sont constamment menées sur les ressorts profonds qui conduisent des hommes assurés d’une carrière d’honneur à considérer justement que celui-ci se trouve dans des actes indignes de leur rang. De plus, des mesures drastiques sont prévues contre les mauvais éléments dans le fonctionnement de l’armée et de la police, en termes de sanctions disciplinaires. Elles sont arrêtées et définies dans le Règlement de discipline générale de l’armée (RDG). C’est la Bible de l’institution. A la fin du document de référence, sont listés les libellés de sanctions et les autorités qui doivent les signer. Les libellés vont de ce qui peut paraître le plus banal (retard au service ou habillement inapproprié par exemple) à des situations plus graves (abandon de poste ou désertion en période de guerre, entre autres). Les signataires, quant à eux, commencent des chefs de section et vont jusqu’au ministre de la Défense.
L’échelle des sanctions disciplinaires comporte donc plusieurs catégories, par ordre de gravité croissante. Au premier degré, on peut avoir la réprimande, le tour de service supplémentaire, la consigne, la cellule, la prison ou la mise aux arrêts de rigueur et la mise à pieds sans traitement pour une durée d’un à sept jours. L’autre niveau de sanction regroupe entre autres l’avertissement écrit, le blâme avec inscription au dossier, la mise à pied sans traitement pour une durée de huit à vingt jours, la radiation du tableau d’avancement d’une durée d’un an. En cas de faute très lourde, le contrevenant s’expose à d’autres niveaux de sanctions dont l’exclusion temporaire du service pour une durée de trois mois à un an, l’abaissement d’échelon ou de grade, la révocation sans suspension des droits à la pension, la révocation avec suspension des droits à la pension et la miser à la retraite anticipée. Pour ce qui est de la radiatio...

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