« Il faut accompagner les acteurs »
- Par Junior MATOCK
- 23 nov. 2023 10:31
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Denis Koulagna Koutou, Directeur général de la Société de développement et d’exploitation des productions animales.
Monsieur le Directeur général, vous avez récemment inauguré un entrepôt et une boucherie moderne dans le but de rendre la viande de bœuf disponible. Quelle est à date la situation de l’offre et la demande au Cameroun ?
Nous rentrons dans la période des fêtes de fin d’année et les besoins en consommation de viande sont élevés. On le voit d’ailleurs à travers les statistiques dans nos abattoirs de Douala et de Yaoundé qui augmentent de jour en jour. Nous sommes aussi dans la zone forestière et c’est la période au cours de laquelle certains Camerounais ont assez de revenus issus de la vente de leurs productions de cacao et autres. Généralement, ils ont besoin d’acheter de la viande pour que leurs familles puissent bien manger lors des fêtes de fin d’année. En ce qui concerne les données sur l’offre et la demande, je ne peux vous donner que des chiffres en rapport avec les abattages effectués à Douala et Ngaoundéré. Car, il ne faut pas oublier que nous vendons le service aux bouchers, mais eux, ils s’approvisionnent sur le marché de bétails et viennent chez nous. L’année dernière par exemple, nous étions autour de 230 000 animaux abattus sur nos principaux abattoirs. Cette année également, on risque approcher ou dépasser ce chiffre. Ce n’est qu’en fin d’année qu’on pourra communiquer les données exactes et fiables et qui généralement représentent à peu près 60% de tous les animaux qui sont abattus au Cameroun.
En quoi ces nouvelles infrastructures peuvent-elles constituer des réponses pérennes à la disponibilité de la viande de bœuf ?
Il faut se rappeler que dans le cadre du Plan d’urgence triennal, le chef de l’Etat avait, dans sa vision, anticipé en mettant à la disposition du pays des entrepôts à Ngaoundéré, Kribi, Ebolowa et Yaoundé. Bientôt il y aura un entrepôt avec un abattoir moderne à Douala et Bamenda. Le souhait est que cela soit fait dans les 10 capitales régionales. Ça nous permettra de disposer d’un stock de viande nous permettent d’anticiper. Cela va aussi jouer sur l’attrait des opérateurs privés qui pourront contracter des crédits dans les banques pour acquérir des jeunes animaux, les engraisser et les revendre parce que c’est ce stock de sécurité qui fait tourner les affaires en matière d’élevage. La boucherie permet de conserver les carcasses à une température basse. Ça nous permet d’aller du moyen terme au long terme. Comment faire pour que les gens apprécient la qualité de ces viandes une fois sorties des entrepôts : il faut les vendre aussitôt à travers des présentoirs, pour ne pas briser la chaîne de froid. Dans le même sens, on a mis sur pied les boucheries témoins. On l’a fait avec l’aide du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. La première avait été faite à Ebolowa. Ces boucheries sont classiques. On y applique ce qu’on appelle la marche en avant, c’est-à-dire que le personnel qui y entre pour travailler passe par un vestiaire, enlève ses vêtements, se nettoie avant de commencer à manipuler la viande. Une fois qu’ils ont terminé, ils viennent se nettoyer à nouveau, s’habillent et repartent. Nous allons plus loin ; nous avons commencé la formation de nos bouchers. Nous entendons aussi faciliter la tâche aux consommateurs en découpant la viande. Cela permettra aux consommateurs d’avoir une entrecôte, un faux filet, etc., prêt à être cuit. Nous souhaitons que cette initiative soit reprise au niveau de chaque commune au Cameroun, et que ceux qui veulent ouvrir des boucheries privées s’en inspirent.
Bien d’autres initiatives ont été menées dans ce sens (construction des abattoirs modernes, etc.). Quel bilan pouvez-vous dresser ?
C’est aux personnes externes de faire une évaluation. Ce qui est certain c’est que les choses ne peuvent plus être comme avant. Nous sommes en train de contribuer à la chaîne de valeur. D’autres actions qui sont moins visibles pour l’instant se font sur le terrain. Par exemple, nous lançons bientôt un programme d’amélioration génétique de notre cheptel en croisant les animaux exotiques et locaux. Mais surtout, nous avons lancé une autre initiative avec l’appui du gouvernement, pour faire ce qu’on appelle la caractérisation génétique des animaux de la Sodepa. On a pris des échantillons qui ont été envoyés en Europe et ils ont extrait les gènes. On pourra avoir des catalogues pour dire que sur les animaux de la Sodepa, voici les éléments qu’on recherche ou encore ceux qu’on doit croiser pour obtenir de meilleurs rendements. Ce travail pourra continuer pour l’ensemble des cheptels du Cameroun. On pourra ainsi obtenir des animaux plus performants pour la viande et le lait. Un appel d’offres a été lancé pour ouvrir deux unités qui nous permettront de travailler même sur les semences bovines. Parce que dans l’élevage moderne, on n’attend pas seulement la montée des animaux, mais on fait des inséminations artificielles et des transferts d’embryons. Ça permet d’obtenir des produits de qualité. Nous aurons bientôt une unité à Ndokayo (département du Lom-et-Djérem, région de l'Est) et une autre à Faro (région du Nord), en plus de celle qu’on avait à Jakiri (département de Bui au Nord-Ouest) mais qui est sous-exploitée du fait de problèmes de sécurité. Par ailleurs, nous sommes en train de lancer un programme de traçabilité de notre cheptel. Parce que le consommateur ne veut pas seulement consommer la viande, mais il tient à savoir de quel cheptel provient cette viande. On pourra ainsi fidéliser les consommateurs en indiquant la provenance de la viande. Le logiciel My Cow est mis en place dans ce sens.
Le prix du kilogramme de viande connaît des fluctuations constantes déplorées par les ménages. Qu’est-ce qui pose véritablement problème ?
Il faut avouer que c’est un marché qui est assez volatile parce que selon certaines statistiques, nous sommes plus ou moins dépendant du Tchad, parfois même du Soudan. Depuis le problème lié aux insurrections de Boko Haram, le Tchad et le Soudan étaient les premiers fournisseurs du Nigeria. Or, la ligne Boko Haram a dévié le commerce international des bovins vers le Cameroun et c’est ça qui a entraîné cette embellie au Cameroun depuis ces cinq ou six ...
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