« La professionnalisation demeure le véritable challenge »

Yves Eya' a, directeur du Centre des créateurs de la mode du Cameroun (CCMC).

Quelle évaluation faites-vous de la 14e édition de la Semaine de la mode qui s'est achevée dimanche dernier à Yaoundé ?
L'évaluation est plutôt très positive car, on se rend compte aujourd'hui que les métiers de la mode sont davantage mis en avant dans le cadre des industries culturelles et créatives. Et ce, parce qu'on a remarqué que ces métiers sont de véritables facteurs de développement économique. Les entreprises et les entrepreneurs formés dans le cadre de cette Semaine de la mode ont aujourd'hui toute la légitimité de pouvoir s'affirmer sur le marché. Le succès de cette édition a démontré que la mode est vivante au Cameroun et qu'on peut développer des structures, d'où le thème qui a été choisi cette année : « Les industries créatives, leviers de développement économique ». Les créateurs locaux ont une visibilité incontestable. Nous avons par exemple Imane Ayissi, qu’on ne présente plus. Et cette visibilité est également palpable avec le parterre d’invités nationaux et étrangers amoureux de l’art qui y ont pris part. L’organisation de tels événements ne peut que nous donner une visibilité internationale.  
 
Quels sont les facteurs qui justifient l'engouement observé ces dernières années dans les domaines de la mode et du design ?
Les entrepreneurs des métiers de la mode ont compris que ce n'est plus du folklore. Les incubés de la « Villa des créateurs » sont orientés vers une démarche professionnelle. Ce qui leur permet plus tard, de vivre de leur métier. On observe aujourd'hui que les gens qui s'organisaient juste à faire des défilés ou à produire des collections qui, au final, ne leur rapportaient absolument rien, comprennent qu'il faut réaliser des collections vendables. Raison pour laquelle, durant cette Semaine de la mode, nous avons organisé des ventes éphémères des créateurs. Et on a accueilli une clientèle qui veut de plus en plus porter du Made in Cameroon. D'où l'exigence de finition et l’élaboration des tarifs. 

Porter des créations locales oui, mais à quel prix ? 
Les gens pensent effectivement que les créateurs sont chers, alors que tout le monde va à la friperie acheter des articles plus coûteux. Pourtant, ici on va être sur du sur-mesure et une relation client-designer. On est vraiment dans des métiers professionnels, qui motivent les clients. Il fau...

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