Biblio : quand des mendiants influent sur le politique
- Par Yvette Mbassi
- 31 janv. 2024 13:31
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Aminata Sow Fall dénonce dans son roman « La Grève des bàttu » les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles.
Mour Ndiaye, directeur de la Salubrité publique, charge Keba Dabo de désencombrer la ville afin de la rendre plus présentable aux touristes étrangers. Mour Ndiaye compte sur le succès de la campagne pour atteindre le sommet de la puissance : un poste de vice-président de la République. Keba Dabo, par des rafles musclées et brutales, réussit sa mission. Mais les mendiants sont humains. Et les « bàttu » sont les calebasses qu’ils tendent pour recueillir les dons. Lesquels dons servent parfois à calmer la conscience des puissants, à les débarrasser de la malchance ou à provoquer l’exaucement de leurs prières.
« La Grève des bàttu ou les déchets humains », roman de la Sénégalaise Aminata Sow Fall, met en scène deux extrêmes : mendiants et puissants. On y découvre une société des mendiants remarquablement organisée. La solidarité est financée par la tontine quotidienne qu'organise Salla Niang dans sa cour, qui fournit un abri pour les nécessiteux, revend bouts de chandelles ou poulets donnés en aumône, paie les obsèques du malheureux Madiabel, victime d'une des rafles, nourrit la communauté dans une sorte de cuisine collective. Les puissants, eux, vivent dans des villas somptueuses, entretiennent maîtresses et secondes épouses, prodiguent satisfaction « aux demandes pressantes d'argent des parents, cousins, copains et beaux-parents... » sans parler des sacrifices sur les conseils des marabouts.
Voici qu’un jour survient la rafle de trop. Le chef de Keba Dabo a encore insisté. Cette fois, il ne veut plus un seul mendiant dans les rues. L’opération réussit. Ecrasés par les humiliations, les mendiants décident de se mettre en grève : ne plus mendier. C'est toute la vie sociale du pays qui s'en trouve bouleversée. A qui adresser ses prières ? À qui faire ces dons qui doivent amener la réussite ? A qui offrir les sacrifices prescrits par les saints hommes si les mendiants ont disparu ? Comment se concilier le sort ? Catastrophe. Sans les pauvres comme receveurs devant Dieu, votre bonté ne peut être prouvée. Car donner aux pauvres est une règle morale dans l'Islam, et si cette règle se d...
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