Interview : « La structuration va se poursuivre »

Achille Bassilekin III, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat.


M. le ministre, la première édition du Forum africain de l’économie sociale et solidaire (FORA’ESS) s’est achevée vendredi dernier à Yaoundé. Quelles ont été les retombées de ce rendez-vous à caractère continental ?
Au terme de trois jours des travaux, des modèles africains d’ESS (économie sociale et solidaire) ont été systématisés; les États et les collectivités territoriales ont été sensibilisés sur les opportunités de l’ÉSS ainsi que sur l’environnement incitatif pour de telles initiatives. En somme un relevé des conclusions, une résolution, une déclaration des jeunes, une déclaration des maires et la déclaration de Yaoundé ont été adoptées. Il a été mis sur pied une plateforme panafricaine d’ESS ainsi qu’un observatoire africain pour l’économie sociale et solidaire pour bâtir les connaissances, valoriser les expériences et faciliter le partage d’expérience.

Par ailleurs, il a également été décidé de créer un incubateur panafricain, conçu sur les principes fondamentaux de la citoyenneté bâtisseuse permettant de libérer le potentiel des jeunes et des femmes, issus du continent et afro-descendants de la diaspora autour d’un entrepreneuriat social et écologiquement responsable. La déclaration des jeunes produite à l’issue du pré-forum des jeunes a tracé le sillon de leur implication dans l’essor de l’entrepreneuriat collectif par la transformation sociale et économique de l’Afrique. Ils se sont engagés à bâtir un Réseau africain des jeunes pour l’économie sociale et solidaire à partir des territoires. Des mécanismes nationaux et panafricains seront mis en place pour financer les projets des jeunes qui s’engagent dans l’ESS. Les maires, outre leur engagement à se doter d’un réseau africain ont décidé de mettre en place des solutions locales favorables à l’ESS et à promouvoir l’entrepreneuriat collectif.
 

Le Cameroun est parmi les pionniers dans la mise en œuvre de l’économie sociale et solidaire. Si on doit faire une évaluation, qu’est-ce que cela a spécifiquement apporté comme bénéfices aux Camerounais à ce jour ?
Le concept d’économie sociale est institutionnalisé au Cameroun depuis 2004 avec la création d'un département ministériel entièrement dédié à ce secteur. En terme de bénéfices pour les Camerounais, on peut noter que deux ans après sa création, les toutes premières assises nationales de l’économie sociale et solidaire organisées en 2006 ont permis de dresser un état des lieux global en vue d’un meilleur accompagnement des acteurs. A ce jour, le Cameroun est l’un des cinq pays africains à disposer d’une loi-cadre sur l’économie sociale.

Ce qui assure aux acteurs une reconnaissance de leurs activités mais surtout jette les bases de leur encadrement à travers des incitations spécifiques, un accompagnement institutionnel et leur inscription progressive dans les registres communaux. Avec l’arrivée des marchés coopératifs, on a noté un développement de la distribution des produits de consommation courante au prix bord-champ avec la disparition  progressive des intermédiaires qui renchérissent les prix. On a également noté un développement accéléré des mécanismes de financement alternatifs ou complémentaires aux banques classiques avec l’essor des établissements de micro finance pour soutenir les activités de proximité. Des filières de développement des produits de consommation courantes se sont développées et plus de 28 000 groupements d’initiatives communes et sociétés coopératives sont à ce jour actifs à travers le territoire pour promouvoir l’entrepreneuriat collectif et social.

On a également noté la pénétration des acteurs de l’économie sociale dans de nombreux secteurs tels que les productions alimentaires, la santé, l’accès à l’eau, l’énergie, l’éducation, les transports etc... qui contribuent à 18% de notre PIB. A ce jour, 294 réseaux locaux d’économie sociale (RELES) se déploient dans les 360 communes ;  49 réseaux départementaux   de l’économie sociale  (REDES) sur les 58 attendus sont actifs et des réseaux régionaux de l’économie sociale (RERES) sont en voie de constitution. Nous organisons d...

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