« La libre circulation est au cœur du processus d’intégration »
- Par Amadou TIKELE
- 19 mars 2025 12:37
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Pierre-Guillaume Boum Bissaï, Représentant résident de la Commission de la Cemac au Cameroun.
Monsieur le représentant, le thème de la 16è édition de la Journée de la Cemac, le 16 mars dernier, portait sur la promotion de la liberté de circulation pour renforcer les échanges intercommunautaires en zone Cemac. Pourquoi la communauté a tant de mal à la mettre en œuvre ?
D’entrée de jeu, je tiens à souligner que la libre circulation des personnes a été établie par les chefs d’Etat depuis 2005 à la faveur de l’adoption de l’Acte additionnel n°08/CEMAC-CEE-SE du 29 juin 2005 relatif à la libre circulation. Il a été suivi plus tard de l’Acte additionnel N° 01/13-CEMAC-070 U-CCE-SE du 25 juin 2013 portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la CEMAC circulant dans l’espace communautaire, qui dispose que la circulation de ceux-ci est libre sous réserve de « la présentation d’une carte nationale d’identité ou d’un passeport » « en cours de validité ». Depuis lors, de nombreux autres textes ont renforcé le dispositif juridique en la matière. Mais, au-delà des personnes, la libre circulation concerne également les biens, les capitaux et les services, même si c’est surtout la libre circulation des personnes qui retient l’attention du public.
Une fois ces textes adoptés par les plus hautes autorités communautaires, il s’est agi pour les Etats de démanteler progressivement toutes les barrières susceptibles de faire obstacle au plein déploiement de cette liberté. Bien que l’essentiel des barrières juridiques ait été levé, la liberté de circulation dans la zone CEMAC peut encore parfois être confrontée à des obstacles d’ordre administratif, physique, non tarifaire, ainsi que des mauvaises pratiques le long des corridors d’intégration, et peut-être même, exceptionnellement, des enjeux sécuritaires ou sanitaires conjoncturels. Pour autant, cela ne remet pas en cause la réalité d’un espace communautaire au sein duquel la libre circulation est un droit pour le citoyen de la CEMAC.
Il faut dire tout de même que ces différents obstacles peuvent compliquer les échanges, renchérir le coût et les délais des opérations commerciales et des produits. C’est tout le sens du choix du thème de cette année afin de sensibiliser les populations sur l’importance de la libre circulation, considérée comme la véritable « épine dorsale de l’intégration » selon les propres mots du président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat, Son Excellence Faustin Archange Touadera.
Malgré la volonté politique affichée, et les textes consacrant la libre circulation en zone Cemac, certains pays semblent réticents. Que faire pour les rassurer ?
Nous ne considérons pas qu’il y ait des pays qui soient réticents. Il ne faudrait pas non plus focaliser l’attention exclusivement sur les incidents qui peuvent survenir çà et là, et ne pas donner à voir les efforts accomplis par les Etats pour faire avancer le processus. Il est certain que le bilan reste perfectible, et nous en sommes tous conscients, mais des avancées significatives existent. Il vous suffit de relever toutes les initiatives qui ont été prises par la Communauté et les Etats dans ce sens. Nous pouvons parler de quelques-unes d’entre elles au plan communautaire et au niveau national, pour ce qui concerne le Cameroun.
C’est le cas de la création et de l’opérationnalisation en cours de la Brigade mixte CEMAC, constituée des agents des différents services en charge de l’application de la loi, et dont le rôle principal sera de fluidifier le trafic et lever les obstacles illicites et non conventionnels sur les corridors d’intégration. L’Observatoire des pratiques anormales logé à l’ISSEA à Yaoundé, a quant à lui pour mission d’identifier, de relever et d’analyser toutes les pratiques contraires à la règlementation et à l’idéal communautaire qui entrave la circulation sur les corridors. Nous pouvons citer également le Projet I-CEMAC, instrument de coopération sécuritaire dans la zone CEMAC, qui a équipé et formé les personnels de 40 postes frontières des six pays pour les connecter au re?seau mondial se?curise? de communication policie?re de?nomme? I/24-7. Ce projet garantira aux services de sécurité des Etats la possibilité d’identifier et de connaitre en temps réel les antécédents de toutes les personnes qui franchissent les frontières. Au Cameroun, le ministre des Transports a par exemple réalisé des campagnes pour le démantèlement des barrières illicites sur les corridors, permettant ainsi de les réduire de façon significative. Les mêmes efforts sont faits par les autres pays.
Ces différentes mesures ont pour effet de favoriser et faciliter la libre circulation des personnes et des biens tout en fournissant des garanties de sécurité pour les Etats et les citoyens communautaires. Il ne s’agit pas tant de rassurer les Etats mais de faire en sorte que tous les instruments adoptés en vue de faciliter la libre circulation soient mis en place pour améliorer l’expérience des voyageurs et des commerçants sur les corridors et aux frontières.
En quoi la libre circulation des personnes et des biens constitue-t-elle une opportunité pour les populations de la sous-région et même de l’Afrique en général ?
La libre circulation des personnes et des biens représente une véritable opportunité pour les populations de la sous-région et de l’Afrique dans son ensemble. Elle favorise l'accès à de nouveaux marchés, stimulant ainsi la croissance économique et la création d'emplois. Les entreprises peuvent élargir leurs horizons, ce qui promeut l’investissement et l’innovation. De plus, en réduisant les coûts des transports et en facilitant les échanges, elle rend les produits plus accessibles et les entreprises plus compétitives. Pour la CEMAC...
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