Création des aires protégées: Là où le bât blesse…

La levée de bouclier contre la création du Parc national de Ma Mbed Mbed par les populations du Mayo-Kani rappelle la difficulté à mettre en place un cadre approprié pour améliorer la cohabitation homme – faune.

Le gouverneur de l’ExtrêmeNord a souvent eu à gérer des situations de tension sociale. Ces dernières années ont, par exemple, été marquées par des conflits intercommunautaires. Mais à Guidiguis, dans le département du Mayo-Kani, le 7 février dernier, Midjiyawa Bakari a dû affronter un niveau de contestation d’une violence assez rare pour ne pas être souligné. Des milliers de personnes se sont organisées pour exprimer leur colère, bloquant l’axe MarouaYagoua. Equipés de lances, flèches, machettes et d’autres types d’armes blanches, les manifestants, qui exigeaient l’annulation du décret de création du Parc national de Ma Mbed Mbed (signé en 2020 par le Premier ministre), ont encerclé la première autorité administrative de la région et son état-major, et agressé des éléments des forces de défense et de sécurité dont certains s’en sont sortis avec des blessures légères. Un véhicule de reportage de type pick-up appartenant à la CRTV, station régionale de l’ExtrêmeNord, attaqué à la machette, porte encore les stigmates de ces échauffourées. Seuls le sang-froid, le tact et le sens des négociations des parties présentes ce jour-là, selon les confidences du gouverneur, ont permis d’éviter des dégâts plus graves. Cet épisode rappelle en réalité les difficultés récurrentes liées à la gestion de la cohabitation entre les hommes et les animaux. Des pachydermes ont souvent attaqué des villages, détruisant des plantations dans cette région où l’agriculture est le principal moyen de subsistance, endommageant des maisons et tuant des habitants. Des scènes de ce type ont été enregistrées au début de l’année 2025 dans l’arrondissement de Kalfou, département du Mayo-Danay. Avec, là également, des manifestations de riverains excédés. On peut évoquer d’autres cas loin du Septentrion. Dans le sud du pays, des éléphants, gorilles et d’autres espèces animales du Parc national de Campo Ma’an se rendent souvent coupables d’attaques contre les biens des riverains. Les agriculteurs déplorent ainsi la destruction d’hectares de plantations. Pour se défendre, certains n’hésitent pas à tuer ces animaux dont certains sont pourtant en voie d’extinction. L’un des objectifs visés par le gouvernement à travers le Parc national de Ma Mbed Mbed est justement l’élargissement du périmètre de vie des pachydermes actuellement reclus dans les réserves fauniques de Kalfou et Binder Léré. Il s’agit aussi d’...

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie