Police municipale : ces dérives à traquer
- Par Gregoire DJARMAILA
- 20 janv. 2025 11:22
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Dès ce 20 janvier 2025, la Communauté urbaine de Yaoundé devrait lancer une opération coup de poing.
Contre la vente des marchandises dans les brouettes, les porte-tout, les étals portables, dans les rues, les trottoirs et autres emprises de la voie publique dans plusieurs zones de la capitale. En guise de préavis aux commerçants concernés par ces activités, le maire de la ville de Yaoundé a préalablement publié un communiqué dans ce sens le 10 janvier 2025 et suffisamment relayé par les médias classiques et les réseaux sociaux. Cette mesure est, on peut le deviner, motivée, par la volonté d’assainir le cadre de vie des populations, d’assurer davantage la sécurité des personnes et des biens, ainsi qu’une meilleure fluidité du trafic dans la cité-capitale. Pour faire respecter cette interdiction, l’édile de Yaoundé va certainement effectuer une descente immersive à la tête d’une escouade des agents de la police municipale. Ceux-ci devront se montrer déterminés et braves au regard de la ténacité et de l’ampleur du désordre urbain dans lequel est plongée la capitale.
Seulement, pour assurer la durabilité de ces mesures d’assainissement, la Communauté urbaine et ses communes d’arrondissement doivent s’arrimer à la réforme de la police municipale induite par le décret présidentiel du 9 août 2022 fixant les modalités d’exercice de la police municipale. L’article 2 de ce texte indique clairement que la police municipale a pour objet « d’assurer le bon ordre, ainsi que la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques sur le territoire de la commune ou de la communauté urbaine ». Quant à la mise en place de la police municipale, elle est conditionnée par une délibération du conseil municipal (article 7) et approuvée par le ministre en charge des collectivités territoriales décentralisées. Le décret sus-cité accordait 18 mois aux communes et communautés urbaines pour se conformer à la nouvelle donne. Mais presqu’un an après ce moratoire, seule une vingtaine de communes sur les 360 que compte le pays a pu envoyer leurs personnels se former à la National School of Local Administration (Nasla) à Buea.
Ces pionniers dans la formation des agents de police municipale se recrutent essentiellement dans les municipalités « périphériques » du pays alors celles des grandes métropoles répondent encore aux abonnés absents. Les premiers « policiers municipaux » formés par la Nasla ont reçu leur parchemin le 27 septembre 2024 et ont rejoint leurs communes respectives. Mais pour être investis pleinement de leurs attributs d’agents de police judiciaire à compétence spéciale, ils doivent prêter serment avant leur entrée en fonction devant le Tribunal de première instance territorialement compétent. Pour la deuxième cuvée, la Nasla a lancé, depuis le 9 janvier 2025, un appel à candidatures pour le recrutement de 400 agents de la police municipale à former en deux sessions de trois mois chacune.
C’est donc dire que les pouvoirs publics veulent faire de la police municipale un important bras séculier des collectivités territoriales décentralisées pour faire de nos cités, des espaces agréables de vie. D’où l’exigence de la formation professionnelle des agents appelés à exercer cette fonction. Le contenu de la formation inclut des cours sur la gestion des libertés publiques, les techniques de gestion de l’ordre urbain, l’assistance publique ainsi que la protection civile. Mais les polices municipales telles qu’elles s’opèrent actuellement dans nos villes présentent un tableau sombre. Les agents affectés à cette activité, sans formation préalable, se livrent à des scènes de bagarres et à toutes sortes de violences avec les populations. Des abus et dérives qui ont fait l’objet de recadrage des autorités administratives et même du ministre en charge des collectivités territoriales décentralisées. En avril 2017, le préfet du Mfoundi a par exemple interdit aux policiers municipaux de procéder à...
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