« Attention à l'exacerbation des tensions »
- Par Yvan BOUNOUNG
- 05 mars 2025 12:33
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Dr Serge Ndock, politologue, enseignant-chercheur à l’Université de Ngaoundéré.
En prélude à l’élection présidentielle, comment appréciez-vous jusqu’ici, la mobilisation des différents acteurs (partis politiques, Elecam, société civile, administration, etc.) ?
On peut observer que les partis politiques, Elections Cameroon (Elecam) et les organisations de la société civile se mobilisent parfois de façon coopérative, afin de faire inscrire un nombre important de citoyens sur les listes électorales. Cette mobilisation coopérative et collaborative se fait d'ailleurs dans le cadre des commissions locales d'inscription sur les listes électorales sous la supervision d'Elecam. Ainsi, on peut voir, à l'occasion de nombreuses descentes sur le terrain, comment les équipes d'Elecam et les militants et cadres des partis politiques, s'investir pour susciter l'intérêt à s'inscrire sur les listes électorales. En revanche, on assiste aussi, à l'approche de l'élection présidentielle, à des mobilisations conflictuelles entre les différents acteurs intéressés par le scrutin d'octobre 2025. Ainsi, on voit comment certains partis politiques, bien que présents sur le terrain des inscriptions sur les listes électorales, essaient de présenter Elecam comme une institution qui ne peut pas garantir l'organisation d'un scrutin crédible et transparent. La conflictualité de la mobilisation des acteurs s'observe aussi dans les tribunaux et dans d’autres espaces.
En termes d’effervescence ou de mobilisation, qu’est-ce qui peut se passer d’ici-là, au regard de l’ambiance actuelle ?
Si on n'y prend garde, on peut assister à de fortes mobilisations politiques sur fond d'exacerbation des tensions communautaires, des comportements de radicalisation et de violence dans l'espace public. On peut notamment déplorer le surenchérissement des actes de violence sur les personnalités publiques perpétrés par la Brigade anti-sardinards (BAS). On peut aussi observer la multiplication des propos haineux dans les fora socio-numériques, et la manifestation de plus en plus ostensible des conflits mémoriels, des tensions entre des récits, des imaginaires et des narratifs reconstruits et politisés autour de certains acteurs de l'histoire commune du Cameroun. On peut aussi assister, cette fois-ci, dans une perspective beaucoup plus reluisante, à l'amplification de la frénésie et de l'engouement autour des inscriptions sur les listes électorales, à mesure qu'on s'approche de la date de convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle. Enfin, on pourrait aussi assister au renforcement des regroupements des partis politiques ou à des coalitions plus ou moins ancrées sur le temps, telles que celle constituée depuis les années 1990 entre le RDPC et l'UNDP, concernant la présidentielle.
L’on note aussi que certains acteurs politiques ou de la société civile s’illustrent par des prises de parole violentes adossées sur des propos haineux. Quel est l’enjeu, selon vous ?
Bien que condamnés par les règles du jeu démocratique, les propos haineux et les discours de violence sont des instruments d’action dont se servent certains acteurs politiques pour la mobilisation politiques. Il convient donc de constater que les discours haineux et les actes de violence présentent et représentent un enjeu politique sérieux dans la mobilisation pour l'élection présidentielle de 2025 pour les partis et les organisations de la société civile qui ont intérêt à ce que le Cameroun bascule dans l'instabilité politique. Laquelle instabilité pourrait susciter l'intrusion des forces étrangères et redistribution des cartes politiques en dehors de l'échiquier de la démocratie électorale. En revanche, ce qu'il faut savoir, c'est qu'une instabilité, parce que présentant de nombreux impondérables et de nombreuses zones d'incertitudes, ne garantit pas toujours une redistribution de cartes politiques fa...
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