Voiries urbaines : des moyens, et de l’action

Les 25 et 26 février dernier, le Premier ministre, chef du gouvernement a réuni autour de lui quelques chefs de départements ministériels sectoriels et magistrats municipaux des deux grandes villes du pays pour marquer son indignation au sujet du visage hideux que présentent depuis quelques années les deux cités. Tas d’immondices, mauvais état des routes et éclairage public insuffisant, voire absent, occupation anarchique de la chaussée, sont devenus les principaux marqueurs des villes de Yaoundé et Douala. Après avoir dressé ce triste constat et écouté les principaux acteurs, le PM a prescrit un plan d’assainissement d’urgence pour reverdir l’image de Yaoundé et de Douala. « À l’immédiat, doivent être engagés des travaux d’urgence pour traiter, 24 heures sur 24, tous les tas d’immondices ; les nids-de-poule, ainsi que l’éclairage public », peut-on lire sur le compte X du chef du gouvernement. Il a donné deux semaines pour relooker les deux capitales. « L’heure n’est plus aux paroles mais aux actes », a martelé Joseph Dion Ngute.
Ce n’est pas la première fois que le PM interpelle les ministères sectoriels et les autorités municipales et s’émeut de la décrépitude des voiries urbaines, notamment celle de Yaoundé. Lors d’une rencontre similaire organisée le 26 octobre 2023 dans ses services, il avait déjà décrié l’état de décrépitude avancée des infrastructures routières de Yaoundé qui, selon lui, ne correspondait pas au rayonnement qu’on était en droit d’attendre de la capitale de notre pays. Il avait alors prescrit des travaux de réhabilitation des routes existantes en attendant la mobilisation des fonds pour les travaux d’envergure. On était à la veille de la 44e conférence ministérielle de la Francophonie tenue en novembre de la même année. Quelques travaux de colmatage et même de réhabilitation ont été effectués sur certaines artères de la ville. Mais au regard du vieillissement et de l’état de dégradation avancée du réseau viaire, de la démographie galopante, de l’urbanisation anarchique et du manque de ressources financières tant pour l’investissement que pour la maintenance de la voirie, la mobilité urbaine reste un gros défi pour les grandes métropoles. Si Douala et Yaoundé font les frais d’une urbanisation non maîtrisée, les autres cités du pays n’en sont pas épargnées. 
Les concertations comme celles organisées à l’Immeuble Etoile sont importantes pour donner l’alerte, mais en plus, il faut véritablement opérer une bonne planification et consacrer des ressources budgétaires suffisantes aux projets et à l’entretien des voiries urbaines. En l’état actuel, la réhabilitation et l’entretien des infrastructures routières comme celles de Douala et Yaoundé ne peuvent pas être supportés par les seules modes ressources budgétaires de ces municipalités. La mobilisation des ressources à consacrer pour l’entretien du réseau viaire doit, non seulement bénéficier de l’appui de l’Etat, mais surtout prendre en compte l’évolution démographique et spatiale de ces deux grandes métropoles. Selon une étude menée par le cabinet Mobilise Your City en 2019, environ 5 millions de déplacements sont réalisés quotidiennement par les habitants de Yaoundé. Ces déplacements quotidiens utilisent un réseau de voirie de 2 700 km de long majoritairement en terre, avec environ 800 km de voirie bitumée. Or, les budgets pour l’entretien de ce vaste réseau sont insuffisants, et les montants réellement exécutés chaque année se situent, selon cette étude, entre un et deux milliards de F.  Le même document renseigne que le parc est estimé à plus de 200 000 véhicules automobiles, 35 000 motos, 20 000 taxis et 50 000 motos?taxis. Et quand on sait que l’aire métropolitaine de Yaoundé s’étend désormais aujourd’hui sur un rayon de 20 km pour une population estimée à plus de 4 millions...