Repli identitaire : une menace pour le vivre-ensemble
- Par Azize MBOHOU
- 17 mars 2025 12:06
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Jusqu’ici, le Cameroun, terre de diversité culturelle et ethnique, bravait brillamment l’épreuve des pluralités ethno-identitaires. Une Afrique en miniature qui rassemble en son sein plus de 230 groupes ethniques, et se nourrit des différences et de la diversité pour construire une identité enviée et enviable. Le sentiment d’appartenance à une nation commune était fort et communément partagé, qu’on naissait à l’Ouest et faisait ses études au Nord, à la suite de parents fonctionnaires ou commerçants. Puis on tombait dans le Centre pour les activités professionnelles, avec une compagne qui vient de l’Est, ayant bâti un empire amical, voire familial constitué des membres d’horizons divers. Dans la foulée, les enfants devaient porter les noms de ces amis devenus frères, dont les liens de confiance et d’amour se sont consolidés au fil du temps, au gré des épreuves de la vie.
Mais depuis quelques années, les velléités identitaires, ethniques et sociales se réveillent bruyamment et se révèlent, parfois avec brutalité. Les rivalités ethniques et culturelles dans certaines régions du pays se sont déjà fait remarquer, et le Cameroun se trouve aujourd'hui confronté à un défi majeur : la montée du repli identitaire. Ce phénomène, qui consiste à privilégier son appartenance à un groupe ethnique ou régional au détriment de l'identité nationale, menace de fragiliser les fondements même du vivre-ensemble et de la cohésion sociale. Pour beaucoup, ces agissements sont le fait de l’exacerbation et l’instrumentalisation des différences qui suscitent des conflits, malgré l’affirmation du discours officiel sur la consolidation d’une nation intégrée, unie et forte.
Les récents événements survenus dans le pays et au sein de la diaspora, ont mis en lumière la gravité de cette situation. L'incident tragique de Souledé-Roua dans l'Extrême-Nord, où deux chercheurs ont été brûlés vifs le 02 mars 2025, a suscité une vive émotion et des interrogations quant à la nature des tensions intercommunautaires. Les circonstances de ce drame, encore floues, laissent craindre une possible manipulation des sentiments identitaires ouvrant la voie à une spirale de violence ; à des affrontements ethniques.
Parallèlement, l'attaque dont a été victime le ministre de la Jeunesse et de l’Education civique, Mounouna Foutsou à Bruxelles le 03 mars 2025, a été interprétée par certains comme portant une connotation ethnique, alimentant les divisions au sein de la diaspora camerounaise. Ces incidents, bien que distincts, révèlent une tendance inquiétante : la politisation des identités et l'instrumentalisation des différences culturelles. Bien plus, les replis identitaires et les revendications de certaines catégories sociales camerounaises ont marqué la scène nationale à travers l’affirmation tacite de la proximité de certaines ethnies au pouvoir politique. C’est cette lecture simpliste de certains compatriotes de la diaspora, qui alimente une certaine idéologie de la violence vis-à-vis des personnalités, voire des institutions de la République.
Sur un autre plan, le repli identitaire, dans sa forme expressive, parfois sous l’impulsion de certaines officines, trouve un canal de revendication à travers des memoranda. Sous le couvert des organisations parfois traditionnelles, communautaires, voire communautaristes, l’on revendique, stigmatise, dénonce…dans le dessein de fragiliser l’unité, d’opposer les uns contre les autres. Il se pose donc le problème de la légitimité sociale des memoranda et des revendications de certaines populations camerounaises qui aspirent pourtant toutes, (peut-être en théorie) à l’appartenance à une même nation, une et indivisible. En d’autres termes, il se pose la question des menaces latentes au processus de construction nationale au Cameroun. Dans une analyse étriquée, l’on pourrait se demander si l’État central serait partial, en faveur de certains Camerounais et injuste au détriment des autres dans le cadre de la répartition des fruits du développement dans tous les secteurs économiques ? Bien plus, y aurait-il des citoyens se sentant plus Camerounais que d’autres, du fait de leur appartenance supposée ou non à certains cercles privilégiés ? Avec recul et rigueur, ces clichés peu reluisants que certains brandissent sont aux antipodes du discours officiel et des actions permanentes des pouvoirs publics.
En effet, le gouvernement camerounais a maintes fois réaffirmé son engagement en faveur du vivre-ensemble, notamment à travers la création de la Commissio...
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